C’est lors des nombreux congrès scientifiques organisés par l’APPAM à Digne-les-bains, auxquels j’ai participé dans les années 90, que j’ai pu rencontrer tous les grands spécialistes internationaux du monde des plantes aromatiques de l’époque (parfumeurs, chimistes, historiens, aromaticiens, aromathérapeutes, représentants des chambres d’agricultures…). Et j’ai pu faire cela grâce au regretté Denis Eysseric, mon premier professeur, qui m’ouvrit toutes les portes.

La personne qui m’a marqué le plus, qui m’a le plus interpellé, est Michaël Moisseeff, pour moi le plus grand spécialiste du monde des odeurs, celui qui connaissait le langage des odeurs pour s’adresser aussi bien aux petits enfants, qu’aux adultes de toutes les professions.

J’ai adoré son esprit créatif, ses nombreuses inventions olfactives, son imagination débordante et sa philosophie existentielle, claire, sensible, proche de la terre, proche de tous.

Ce fut une des personnes qui me permit de mieux comprendre l’odorat, l’importance du monde végétal, des parfums, et tout cela au pays des Cathares, dans cette philosophie pleine de sens, elle aussi. C’est lui aussi qui me fit sentir des odeurs de gazon frais, de prairie, d’écurie en « petites bouteilles ». Hé oui, il arrivait à reproduire toutes ces odeurs, et à les mettre en flacons.

Je ne comprenais pas au début cet intérêt pour ce genre de créations. Mais, au fil du temps, de retour à Liège, j’en compris un autre usage, celui qui allait permettre de sortir certaines personnes d’un certain type d’inertie du cerveau, pour en réactiver certaines zones et relancer le tout.

En effet, le fait de faire sentir une odeur aimée à une personne qui a eu un accident, que ce soit le parfum qu’elle utilise, l’odeur de l’écurie où son grand ami le cheval séjourne, ou encore l’odeur du gazon fraîchement tondu sur lequel elle aimait s’asseoir pour lire un livre, allait permettre que toutes ces petites sensations agréables qui étaient stockées dans cet endroit du cerveau qu’on appelle le système limbique, relancent en une fraction de seconde un nouveau départ neuronal, un retour vers la vie !

Si cela doit arriver à un de vos proches ou à vous-même, notez quelque part vos odeurs préférées, que ce soit vos huiles essentielles, votre parfum, l’odeur de votre chien…  Oui, l’odeur de mon chien est la plus forte pour moi : chaude, vivante, sensuelle. Je m’en rendis compte lors du premier voyage qui nous sépara; son odeur me manquait terriblement!

Pierre Casamayor (Auteur).

Michaël Moisseeff : Auteur parmi d’autres, d’un ouvrage très intéressant sur Les arômes du vin. Il y décrit de manière très subtile tous les arômes qui peuvent y être présents : agrumes, fleurs, fruits, épices, mais on y retrouve aussi la description des arômes de tabac, de caramel, de cire d’abeilles. Ce livre, c’est avec le nez qu’on le lit, qu’on le respire. Amateur de vins, vous y découvrirez la puissance des arômes, et apprécierez d’une autre manière votre prochain verre…