Mes premiers pas au pays de la Lavande
En 1993, je débarque dans une petite ville de la Drôme Provençale, Nyons. C’est là qu’un des plus grands experts au niveau de la fabrication d’alambics et distilleries pour les huiles essentielles m’attendait : Denis Eysseric.
Je restai deux semaines à ses côtés à suivre minutieusement son précieux enseignement. Il me fit visiter de nombreuses distilleries qu’il avait installées, rencontrer « la famille aromatique », les grands de l’époque, sans oublier le premier jardin des arômes que je visitai à Nyons, où était exposé un ancien alambic fabriqué par la famille Eysseric. Denis avait installé près de 400 distilleries dans le monde entier, sur tous les continents. Il avait une grande qualité humaine et à chaque visite, les fermiers ou distillateurs lui réservaient toujours un accueil très chaleureux.
Il faut savoir qu’autrefois, la cueillette de la lavande se faisait d’abord dans la montagne avec la faucille, étant donné que la lavande est une plante sauvage. Puis, les premières mises en culture perpétuèrent la tradition de la coupe à la faucille, puisque les lavandes étaient plantées en carré.
Lorsque la technique de mise en culture changea du carré aux lignes, le papa de Denis, Félix Eysseric, grand autodidacte, inventa la première machine à couper la lavande.
En fait, au début, le paysage de la Provence était bien différent, me raconta un vieil homme dans un village de montagne. On voyait un magnifique patchwork de lavandes de toutes les couleurs, rose, jaune, mauve, dans le paysage provençal. Mais les lois du marché, toujours les lois du marché, ont sélectionné celle qui avait la meilleure rentabilité : la lavande mauve, qui meuble à présent ce sol autrefois jonché d’amandiers.
Grâce à Denis, après avoir exploré lors de cette immersion le monde de la distillerie, je pus, l’année suivante, explorer le travail en montagne, et me rendre compte que c’était pas si évident que ça : la pente, le soleil, la lavande sur le dos. Mais ce fut une belle expérience que de vivre au pays des abeilles, dans cette nature pas encore violée par l’homme, en apprenant comment cueillir sans endommager les plantes. J’y retournai chaque année jusqu’en 2000. La nature a beaucoup à nous apprendre, comme les gens de terrain, d’ailleurs.
Petite anecdote : une fois, je n’ai pas mis mes gants pour couper, il faut dire qu’ils n’étaient pas à ma taille, et bien évidemment, je me suis coupée… Tant que je continuais à cueillir, cela ne saignait pas. Une fois que je me retirais du plan de lavandes, cela resaignait. Cela signifie que rien que l’émanation des molécules dans l’air avait le pouvoir hémostatique.
Mes Conseils de lecture
Je vous recommande vivement le plus beau livre écrit sur les lavandes et lavandins, qui reprend les personnes qui ont vraiment marqué le pays de la Lavande, et bien entendu toute son histoire…
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